Société « SMS ou ' bon ' français, il faut tout maîtriser »
Emprunts à l'anglais ou à l'arabe, codes spécifiques aux adolescents... À l'occasion de la Semainede la francophonie, Thierry Bulot rappelle que « plus une langue est parlée, plus elle se modifie ».
Êtes-vous choqué par le langage SMS ?
Je n'ai pas à être choqué ou pas. Les SMS ¯ Short message service ou texto ¯ me surprennent parce que je n'en écris pas beaucoup. Question de génération, j'ai 50 ans.
Ce qui m'intéresse, c'est que des gens se comprennent. En utilisant le SMS, on signifie « Je suis jeune », mais on ne peut pas l'être tout seul... De tout temps, des gens ont dit que la langue était en danger. Sous la Grèce antique, c'était la faute des jeunes et des métèques ! Cela n'a pas beaucoup changé.
Mais l'orthographe, la grammaire, la ponctuation des textos...
Cet extrait de L'étranger que vous avez fait traduire par un jeune en langage SMS, je le trouve stimulant et audacieux, cohérent et élaboré. Il montre une réelle maîtrise de l'écriture alphabétique, de la langue. Ce type de message est généralement court, mais on a parfois, comme ici, une vraie petite lettre.
L'exercice était moins aisé avec La Princesse de Clèves . Pourquoi ?
On ne peut écrire que ce que l'on maîtrise. L'Étranger date de 1942, La Princesse... de 1678. Si, aujourd'hui, on ne comprend pas les mots « magnificence » et « galanterie », on ne peut pas les « traduire ».
Les langues évoluent-elles ?
Pas comme les espèces, avec une naissance, un temps de perfection, un vieillissement, une disparition. Mais plus les langues sont parlées, plus elles se modifient et empruntent : il y a des mots normands dans l'anglais, des mots anglais dans le français, français dans l'arabe...
source : ouest-france 25/03/10